Uncoupled : une série qui met en évidence les problèmes auxquels sont confrontés les gays dans leurs élans de relation

Les rencontres à l’ère des applications peuvent être particulièrement frustrante. Mais selon la nouvelle comédie Netflix Uncoupled, c’est particulièrement difficile pour un homme gay célibataire d’un certain âge.

Alors qu’à une époque plus agréable, « un certain âge » pouvait signifier un âge moyen ou au moins un âge avancé, aujourd’hui, apparemment, nous sommes tous vieux après 40 ans.

Ainsi, Michael, courtier immobilier d’une quarantaine d’années, très occupé, s’est fait larguer sans ménagement par son partenaire Colin, après 17 années de relation apparemment heureuses. Il doit donc apprendre à maîtriser tous les tenants et aboutissants de la drague et des sorties, maintenant qu’il est à nouveau célibataire.

Neil Patrick Harris, qui a partagé ses impressions pour son rôle gay de Michael, est complètement pris au dépourvu par Colin (Tuc Watkins) qui plie bagages et le quitte. Mais Uncoupled laisse entendre qu’il aurait peut-être dû se rendre compte que quelque chose ne tournait plus rond. Notamment le fait que Colin, mal à l’aise à l’idée d’avoir 50 ans, n’était pas d’humeur à célébrer cet événement.

Uncoupled : Une peinture de la difficulté relationnelle chez les plus de 40 ans

Créée par les scénaristes-producteurs gays à succès Jeffrey Richman (Modern Family) et Darren Star (Sex & the City), Uncoupled a beaucoup à dire sur le vieillissement, gracieux ou non, au sein de la culture gay obsédée par la jeunesse.

La série reconnaît, par l’intermédiaire de Suzanne (Tisha Campbell), partenaire de courtage et meilleure amie de Michael, que les femmes célibataires de plus de 40 ans peuvent encore avoir la vie dure.

En fait, Claire, la fabuleuse cliente de Michael, elle aussi récemment larguée, insiste sur le fait que les femmes de tout âge sont plus impitoyablement jugées sur leur apparence et d’autres aspects superficiels.

Une riposte de Michael face à cette fatalité qu’on appelle célibat

Comme s’il acceptait un défi, Michael se lance dans une contre-fatalité. Il n’a aucun problème à trouver des rendez-vous et des rencontres, que ce soit sur Grindr, où il ne connaît pas du tout l’étiquette de la photo de bite, ou simplement dans la rue, devant une épicerie. Des mecs sexy lui tombent dessus, le draguent à la salle de sport, l’invitent dans le jacuzzi lors d’un week-end de ski gay.

Neil Patrick Harris réussit la juxtaposition de l’extérieur connu et de l’intérieur cynique de Michael, brisé par la douleur aiguë et dévastatrice de la rupture avec Colin. Mais il n’est pas aussi convaincant dans le rôle du garçon d’affiche gay en pleine maturité. Souvent déshabillé dans la série, Michael est en forme et plus jeune que jamais. En plus, comme le fait remarquer un ami, il a un emploi rémunéré.

Comme l’épisode « The Wait Out » de Seinfeld l’a parfaitement illustré, il y a probablement une longue file de célibataires qui attendent depuis des années d’avoir leur chance avec Michael ou Colin. C’est donc maintenant leur chance.

Uncoupled illustre à la perfection le défilé de rendez-vous et de sex-party qui s’érige en norme dans la communauté LGBTQIA+

La série Uncoupled n’hésite pas à mettre Michael à l’épreuve dans une succession de rendez-vous qui tournent tous mal, chacun à sa manière. Un type, qui est sous PrEP, ne veut pas porter de préservatif. Ce qui est un obstacle pour Michael. Un autre veut « botoxer » le « trou de balle » de Michael pour qu’il s’adapte mieux à sa taille.

Il s’agit vraisemblablement de problèmes modernes. Et souvent, Michael ne semble pas seulement opposé aux mœurs actuelles. En fait, ne sait pas du tout comment les gays interagissent de nos jours. Il y a une note détectable. Au mieux de pudeur et, au pire, de honte du sexe dans son état d’esprit tout au long de la série. Surtout que cette dernière voudrait aussi manger son gâteau, avec beaucoup d’action entre hommes à l’écran.

Une belle volonté de soigner l’image des LGBTQIA+ auprès de la communauté audiovisuelle

Uncoupled semble vouloir compenser la franchise de la sexualité gay en rendant ses personnages gays aussi acceptables que possible à tous les autres égards.

Michael et ses amis sont tous des homos cisgenres, ayant réussi financièrement et appartenant au courant dominant. Son ami Billy (Emerson Brooks), présentateur météo à la télévision, se voit dire par un admirateur qu’il n’aurait jamais deviné que le présentateur n’était pas hétéro. Billy prend cela comme un compliment.

Et Michael lance sa propre blague sur l’homosexualité, en réprimandant un ami au téléphone : « S’il te plaît, ne crie pas, Eric. C’est à cause de toi que les états bleus deviennent rouges. » Certains trouveront ça drôle. Plus drôle en tout cas, que les scènes hilarantes ratées de Thor : Love And Thunder. Heureusement, la comédie est plus fine que ça. Et c’est surtout grâce à des personnages secondaires comme Horst, l’agent immobilier allemand désagréable… et André De Shields, légende de Broadway, dans le rôle de Jack, le voisin de Michael, un véritable aîné gay.

La distribution des personnages devient de plus en plus divertissante au fur et à mesure que la saison avance. Elle devrait par ailleurs rapidement progresser pour les amateurs de binge-watching. Les épisodes sont bien construits et abordent les thèmes de la série tout en faisant avancer l’intrigue avec de petits moments juteux. On en remarquera surtout un dans le final de la première saison, une mise en place convaincante pour la prochaine saison d’amour potentielle de Michael.

Bien évidemment, en espérant que Netflix nous fasse la fleur de rallonger la durée des épisodes et le nombre d’épisodes par saison pour plus de gourmandise.